L'attachement des Français à leurs livres est un phénomène complexe et profondément enraciné dans la culture nationale.
À une époque où les modes de consommation culturelle évoluent rapidement, il est essentiel de comprendre pourquoi les Français continuent de chérir leurs livres physiques. Quels sont les facteurs émotionnels, sociaux et pratiques qui influencent cette attache ? Pourquoi certaines personnes trouvent-elles si difficile de se séparer de leurs livres, tandis que d'autres sont plus enclines à les donner ou à les revendre ?
Cette étude explore les différentes facettes de cette relation, en analysant les comportements de lecture et de conservation des livres à travers divers segments de la population. De la passion des bibliophiles pour leurs vastes collections aux habitudes des jeunes lecteurs et des retraités, chaque groupe présente des caractéristiques uniques.
Afin d’apporter quelques réponses à ces questions, momox a interrogé 900 Français de 18 ans et plus sur leur rapport à leurs livres en collaboration avec l’institut de sondage Gece.
des Français trouvent
difficile de se séparer de leurs livres
des plus de 18 ans n'ont lu
aucun livre ces 12 derniers mois
des Français possèdent des
livres qu'ils n'ont toujours pas lus
des femmes ont du mal à se
séparer des livres qui les ont marquées
des Français estiment qu'ils
possèdent plus de 200 livres
des Français sont de grands lecteurs
avec 10 livres ou plus lus ces 12 derniers mois
Les grandes bibliothèques seraient-elles peu populaires ?
42 % des sondés possèdent moins de 50 livres chez eux. Un constat particulièrement vrai pour les personnes seules (59 %) et pour les CSP populaires à 62 %.
Les hommes ont un peu plus tendance à collectionner les livres que les femmes (61 % contre 55 % en ont plus de 50) et 23 % d'entre eux possèdent plus de 200 livres contre 17 % des femmes.
Sans surprise, les grands collectionneurs sont les retraités dont près du tiers (28 %) a plus de 200 livres achetés ou reçus et conservés tout au long de leur vies.
Deux fois plus de 45-64 ans possèdent entre 200 et 499 livres que les 30-44 ans et plus jeunes (14 % contre 8 %). Il peut s'agir d'un effet générationel comme d’une tendance à se constituer une bibliothèque dans la quarantaine. On notera également que 10% des moins de 30 ans déclarent posséder plus de 500 livres.
En ce qui concerne la lecture, 17 % des plus de 18 ans n'on lu aucun livre au cours de 12 derniers mois et la majorité des sondés (34%) a lu moins de 4 livres pendant la même période.
On peut ainsi qualifier de petits lecteurs 56 % des interrogés avec moins de 9 livres au total lus ces 12 derniers mois.
Les non-lecteurs sont deux fois plus nombreux chez les hommes que chez les femmes (23% contre 11%). Observons aussi que 33% des non-lecteurs déclarent avoir chez eux des livres qu'ils n'ont pas envie de lire ou n'ont pas encore lus.
34% des sondés peuvent être qualifiés de grands lecteurs en ayant lu au moins 10 livres ces 12 derniers mois. Ce sont en majorité les 60 ans et plus et les retraités à 32%.
Les jeunes générations semblent lire plus que les précédentes avec un jeune de 18-30 ans sur cinq qui a lu plus de 20 livres ces 12 derniers mois contre 8% des 30-44 ans et 11% des 45-64 ans. Un phénomène qui pourrait être lié à l'intérêt grandissant pour la lecture généré par la communauté BookTok. En février 2023 le BookTok comptait plus de 110 milliards de vues dans le monde d'après la plateforme TikTok, ce qui pourrait en partie expliquer ce nouvel engouement pour la lecture chez les jeunes.
Les bibliophiles possèdent plus de 200 livres qu'ils relisent souvent et constituent 16,5 % de la population. Plus de 50% d'entre eux ont lu plus de 10 livres en un an. Ils ont du mal à s'en séparer car ils gardent des livres non lus pour plus tard. Ils accumulent aussi souvent des livres pour les lire plus tard ou pour les offrir en cadeaux et ils conservent ceux qui les ont marqués. Malgré tout, ils revendent et offrent souvent des livres. Déménagements ou doublons expliquent ce tri. Ils ressentent de la culpabilité de se séparer d'un cadeau qu'on leur a fait et considèrent que les livres représentent la mémoire familiale.
35% des Français de plus de 18 ans sont des grands lecteurs, soit le second plus grand groupe en termes d'habitudes de lecture (après les désintéressés).
Les grands lecteurs possèdent entre 0 et 50 livres qu'ils relisent souvent. Ils ont lu plus de 10 livres en un an. Ils ont du mal à s'en séparer, car ils les gardent pour les prêter à leurs proches. Un peu plus de grands lecteurs font des dons ou revendent des livres pour faire de la place. Cela leur permet de renouveler leur bibliothèque avec de nouveaux ouvrages.
Ils représentent 9,5% des Français de plus de 18 ans.
Un tiers des petits lecteurs possède entre 50 et 99 livres chez eux mais ils n'en ont lu qu'entre 1 et 4 ces 12 derniers mois. 98% sont des relecteurs, surtout de bandes dessinées. Un peu plus de petits lecteurs appartiennent aux CSP populaires et à des foyers avec enfant(s).
88% d'entre eux trouvent assez facile de se séparer de leurs livres. Ils donnent souvent leurs livres, permettant ainsi de leur donner une nouvelle vie. Les dons ou reventes sont plus fréquents chez eux pour cette raison.
Les désintéressés représentent 38,5% des sondés, soit le plus grand groupe et plus du double des bibliophiles.
36% n'ont lu aucun livre ces 12 derniers mois. 98% ne relisent pas de livres. On observe un peu plus de CSP populaires et de niveaux d'études inférieur au Bac dans cette catégorie. Ils possèdent rarement des livres non lus.
57% trouvent assez ou très facile de se séparer de leurs livres. Ils ont moins souvent donné ou offert des livres. Leurs dons ou reventes sont plus fréquents car ils lisent moins ou ne lisent plus.
La relecture est une pratique courante en France, avec 62% des Français qui relisent certains de leurs livres. Cependant, une grande majorité relit seulement une petite partie de leur collection. En effet, 56% des interrogés relisent moins d'un quart de leurs livres.
Seuls 15% des Français relisent au moins la moitié de leurs livres. Parmi eux, les moins de 30 ans se distinguent comme les champions de la relecture, avec 72% étant des relecteurs. Plus précisément, 36% de cette tranche d'âge relisent au moins la moitié de leurs livres. Notons également que 9% des Français déclarent relire l'intégralité de leurs livres.
La tendance à la relecture est plus marquée chez les plus jeunes, les plus diplômés et les CSP hautes. De plus, cette pratique augmente avec le nombre de livres possédés. Ceux qui possèdent plus de 200 livres montrent un taux de relecture impressionnant de 87%.
Quand ils relisent, les Français se tournent surtout vers leurs auteurs et livres préférés (77%), les bandes dessinées (36%) et les "classiques" (29%).
Les 30-44 ans sont le groupe d'âge qui relit le plus les bandes dessinées. Les bibliophiles, quant à eux, relisent à 87% leurs livres et auteurs préférés.
On observe cependant une différence notable entre les hommes et les femmes. Les hommes qui relisent privilégient les bandes dessinées (50%), tandis que seules 24% des femmes se tournent vers ce genre. Les femmes préfèrent plutôt relire leurs auteurs et livres préférés.
Les classiques de la littérature sont surtout relus par les moins de 30 ans et par les Français qui relisent au moins la moitié de leurs livres (47%).
La relecture de certains livres peut être due au confort et à la familiarité que procurent les récits marquants. Il est également possible que les relecteurs redécouvrent des détails oubliés ou mal compris lors de la première lecture, enrichissant ainsi leur compréhension de l'intrigue, des personnages et des thèmes. En fin de compte, la relecture pourrait offrir une exploration plus approfondie des idées et des univers créés par l'auteur, améliorant l'expérience de lecture globale.
Les livres non lus occupent une place importante dans les bibliothèques des Français. Parmi ceux qui possèdent des livres qu’ils n’ont pas envie de lire, 24% les gardent car ils étaient des cadeaux, ne voulant pas blesser la personne qui les a offerts.
Les personnes possédant 200 livres ou plus sont 87% à conserver des livres non lus. Pour 74% d'entre elles, il est très difficile de s'en séparer. Les moins de 30 ans, en particulier, ont du mal à se séparer de ces livres, même s'ils n'ont pas envie de les lire.
Parmi ceux qui n'ont lu aucun livre ces 12 derniers mois, 33% possèdent des livres non lus. De ceux-ci, 59% les gardent au cas où ils auraient envie de les lire plus tard.
Les champions des piles à lire (PAL) sont les moins de 30 ans, dont 72% possèdent des livres qu'ils n'ont pas encore lus. Les CSP hautes suivent de près (70%), ainsi que les bibliophiles et grands lecteurs à (78%).
La moitié des Français de 18 ans et plus possédant des livres qu'ils n'ont pas lus les conservent en se disant qu'ils auront peut-être envie de les lire plus tard. Ce "au cas où" est particulièrement pertinent pour 59% de ceux qui possèdent des livres qu'ils n'ont pas envie de lire.
Ce comportement est lié à la constitution de leur pile à lire (PAL). 41% des Français ont une PAL, avec une fréquence plus élevée chez ceux qui conservent des livres non lus (46%) que chez ceux qui n'ont pas envie de les lire (24%). La raison principale est la possibilité future de lecture, mais d'autres facteurs rentrent en jeu.
Par exemple, 28% des Français gardent des livres non lus parce qu'ils pensent qu'ils pourraient intéresser d'autres membres de leur famille ou des proches. Cette motivation est encore plus forte chez ceux qui gardent des livres qu'ils n'ont pas envie de lire, atteignant 39%.
Une autre raison est sentimentale : ces livres sont souvent des cadeaux. Pour éviter de blesser la personne qui les a offerts, 16% des personnes ayant des livres non lus les conservent, et ce chiffre monte à 24% pour ceux qui gardent des livres qu'ils n'ont pas envie de lire.
D'après ces résultats, les Français gardent des livres non lus principalement par précaution et pour d'éventuelles lectures futures. La transmission générationnelle et les considérations sentimentales jouent aussi un rôle important, expliquant pourquoi tant de livres restent intacts sur les étagères.
Le don de livres est très répandu en France. 61% des Français ont déjà donné des livres, un comportement particulièrement fréquent chez les plus âgés, dont 70% ont déjà fait des dons. Un Français sur deux a également offert des livres.
Concernant la vente, les adeptes sont principalement les moins de 30 ans et les foyers avec des enfants, chacun à 33%.
Il existe une corrélation entre la quantité de livres possédés, le nombre de livres lus et la propension à donner, revendre ou offrir des livres. Plus les Français possèdent de livres et plus ils lisent, plus ils sont enclins à les faire circuler. En revanche, ceux pour qui il est très difficile de se séparer de leurs livres sont plus nombreux à les offrir, mais moins nombreux à les donner ou les revendre. Cela traduit un fort attachement à leurs livres.
Cependant, 14% des Français ont un lien très faible avec les livres. Ils n'en ont jamais donné, offert ou revendu. Ce groupe inclut plus souvent les hommes, les jeunes et les moins diplômés. Notamment, 17% des hommes n'ont jamais offert de livre.
L'attachement aux livres est profond chez de nombreux Français. En répondant à la question "Considérez-vous qu'il est difficile de vous séparer de vos livres ?", 18% trouvent cela très difficile. Ce sentiment est particulièrement marqué chez les moins de 30 ans, dont 80% trouvent difficile ou très difficile de se séparer de leurs livres. Cette difficulté est également forte chez les bibliophiles et grands lecteurs, avec 80% partageant ce sentiment.
À l'inverse, un tiers des Français éprouve peu ou pas de difficultés à se séparer de leurs livres. Ce comportement est plus fréquent parmi les 30-59 ans, les CSP populaires et les foyers avec enfant(s). Les 30 à 44 ans sont les plus à l'aise avec cette idée, 43% trouvant facile de se séparer de leurs livres.
Sans surprise, les non-lecteurs trouvent également plus facile de s'en séparer, la moitié d'entre eux partageant cet avis.
Les femmes montrent un attachement légèrement supérieur à celui des hommes, 71% contre 64% trouvant difficile de se séparer de leurs livres.
En termes de CSP, ce sont les retraités qui sont les plus attachés à leurs livres, avec 75% d'entre eux ayant du mal à s'en séparer.
L'attachement aux livres varie selon les profils des lecteurs. Les femmes ont plus de mal à se séparer de leurs livres parce qu'elles gardent ceux qui les ont le plus marquées. En revanche, les hommes, ainsi que les Français de 30 à 59 ans et les CSP hautes, préfèrent conserver leurs collections, ce qui montre une différence de priorités entre les genres et les groupes sociaux.
Les jeunes adultes, pour qui se séparer de leurs livres est particulièrement difficile, entretiennent un lien fort avec ces derniers. Ils les gardent en souvenir de moments passés, par crainte de les oublier ou de ressentir leur absence. La culpabilité de se séparer d'un achat ou la valeur sentimentale des cadeaux contribuent également à cet attachement. 80% des moins de 30 ans trouvent difficile ou très difficile de se séparer de leurs livres, ce qui montre l'importance de cette connexion émotionnelle.
Les grands lecteurs et relecteurs, qui ont un lien très fort avec leurs livres, gardent principalement ceux qui les ont le plus marqués.
Ils considèrent leurs bibliothèques comme la mémoire de leur famille. Cette profonde connexion personnelle explique pourquoi ils éprouvent tant de difficultés à se séparer de leurs livres pour préserver leurs collections.
Les personnes ayant une relation moins importante avec les livres mentionnent souvent la culpabilité de se séparer d'un achat ou la peur de blesser les donateurs. Ces raisons pratiques contrastent avec les motifs plus émotionnels des grands lecteurs et des jeunes.
Ceux qui n’ont pas lu de livres ces derniers mois gardent leurs livres principalement pour conserver leurs collections (30%) et pour les prêter à des proches (33%). Seuls 9% les gardent parce qu’ils les ont façonnés, montrant une moindre influence personnelle.
Enfin, les non-relecteurs gardent majoritairement leurs livres en souvenir des moments passés (30%). Ce comportement reflète un attachement nostalgique, contrastant avec les motifs pratiques ou familiaux des autres groupes.
Les retraités trouvent à 55% difficile, mais pas très difficile, de se séparer de leurs livres, ce qui indique une certaine ambivalence : ils ressentent un attachement significatif, mais pas insurmontable.
Cette difficulté à se séparer des livres est motivée par plusieurs raisons. D'une part, 40% des retraités conservent les livres qui les ont le plus façonnés, ce qui suggère que ces ouvrages représentent des souvenirs précieux et des expériences formatrices. D'autre part, 38% des retraités gardent leurs livres pour les prêter à des proches, mettant en lumière un désir de transmission et de partage de leur passion pour la lecture. En comparaison, seuls 15% les conservent par peur de blesser la personne qui leur a offert le livre.
Enfin, les retraités montrent une tendance à la générosité et au partage : 70% ont déjà donné des livres, et 52% en ont offert. Cependant, ils sont moins enclins à vendre leurs livres, avec seulement 13% ayant déjà procédé à des reventes. Cela pourrait refléter un attachement émotionnel fort et une réticence à monétiser ce qui est perçu comme des biens précieux et personnels.
Cette étude a été menée avec l’institut de sondage Gece en France auprès de 900 Français de 18 ans et plus entre le 14 et le 28 mai 2024. Elle a été réalisée selon la méthode des quotas (sexe, âge et CSP par région UDA). momox est la première société européenne de re-commerce. Elle achète aux particuliers des livres d'occasion, des articles culturels et des vêtements à prix fixe.